La Gloire des Rois

Ce recueil composite, lié à Éloges, se construit au fil des publications aux éditions Gallimard (1911, 1925, 1948). Il comporte plusieurs poèmes :

· Récitation à l'éloge d'une Reine
daté de 1907.

« Haut asile des graisses vers qui cheminent les désirs d’un peuple de guerriers muets avaleurs de salive, ô Reine ! romps la coque de tes yeux, annonce en ton épaule qu’elle vit ! ô Reine, romps la coque de tes yeux, sois-nous propice accueille un fier désir, ô Reine ! comme un jeu sous l’huile, de nous baigner nus devant Toi, jeunes hommes ! »

*

- Mais qui saurait par où faire entrée dans Son Cœur ?

Récitation à l’éloge d’une Reine, I.

 

· Amitié du Prince
écrit entre 1917 et 1923, en partie en Chine selon Joëlle Gardes Tamine, op. cit.

Ainsi parlant et discourant, ils établissent son renom. Et d'autres voix s'élèvent sur son compte :
« …Homme très simple parmi nous ; le plus secret dans ses desseins ; dur à soi-même, et se taisant, et ne concluant point de paix avec soi-même, mais pressant,
« errant aux salles de chaux vive, et fomentant au plus haut point de l'âme une grande querelle… À l'aube s'apaisant, et sobre, saisissant aux naseaux une invisible bête frémissante… Bientôt peut-être, les mains libres, s'avançant dans le jour au par
fum de viscères, et nourrissant ses pensées claires au petit-lait du jour… […]  »

Amitié du Prince, II.

 

· Histoire du Régent
écrit en 1908, issu d' Éloges.

Tu as vaincu ! tu as vaincu ! Que le sang était beau, et la main qui du pouce et du doigt essuyait une lame !…
C’était
Il y a des lunes. Et nous avions eu chaud. Il me souvient des femmes qui fuyaient avec des cages d’oiseaux verts ; des infirmes qui raillaient ; et des paisibles culbutés au plus grand lac de ce pays… ; du prophète qui courait derrière les palissades, sur une chamelle borgne…[…]

 

· Chanson du Présomptif
écrit entre 1917 et 1923, en partie en Chine selon Joëlle Gardes Tamine, op. cit.

[…] J’honore les vivants, j’ai grâce parmi vous. Dites aux femmes qu’elles nourrissent, qu’elles nourrissent sur la terre ce filet mince de fumée … Et l’homme marche dans le songes et s’achemine vers la mer Et la fumée s’élève au bout des promontoires.

*

J’honore les vivants, j’ai hâte parmi vous. Chiens, ho ! mes chiens, nous vous sifflons… Et la maison chargée d’honneurs et l’année jaune entre les feuilles sont peu de chose au cœur de l’homme s’il y songe : tous les chemins du monde nous mangent dans la main !

 

· Berceuse
vraisemblablement écrit en Chine vers 1921 selon Albert Henry.

Première-Née – temps de l’oriole,
Première-Née – le mil en fleurs,
Et tant de flûtes aux cuisines…
Mais le chagrin au coeur des Grands
Qui n’ont que filles à leur arc.

S ‘assembleront les gens de guerre,
Et tant de sciences aux terrasses…
Première-Née, chagrin du peuple,
Les dieux murmurent aux citernes,
Se taisent les femmes aux cuisines.[…]