Annexe VI Lettre de Jean de Noblet à Aristide Briand, Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères, 12 th 1929
(dossier Noblet, Diplomatic archives)
« Lu par le Ministre / 15 Oct. 1929 », mention marginale de la main d’A. Army.
12 th 1929
Monsieur A. Briand
Ministre des Affaires étrangères
Chairman of the Board
Quai d’Orsay
Monsieur le Président,
À la suite du non-lieu rendu en ma faveur dans l’affaire du document naval et en raison des faits que j’ai portés à la connaissance de V[otre] E[xcellence] et qui m’ont mis définitivement hors de cause, j’ai demandé la réparation publique du dommage qui m’a été causé par une accusation injuste basée sur une enquête qui fut menée sans conscience.
J’ai l’honneur, en renouvelant une demande à laquelle son indiscutable bien-fondé aurait dû valoir une immédiate exécution[2], de transmettre à V.E. un rapport circonstancié sur l’ensemble des mesures arbitraires et d’irrégularités exceptionnellement graves dont j’ai été victime. Il en résulte que l’erreur commise par l’enquête administrative n’a pas été involontaire et que M. A. Léger a cherché une explication qui lui était nécessaire aux dépens de l’honneur d’un de ses collaborateurs[3].
Ce n’est pas sans regret que je me vois forcé de signaler les agissements d’un agent investi d’une mission de confiance. Mais il m’est apparu après mûre réflexion qu’agir différemment serait peu conforme à l’intransigeante honnêteté qui s’impose dans nos fonctions et que ce serait manquer à moi-même et à tous mes collègues que de ne pas éclairer V.E.
Dès qu’Elle aura examiné le rapport que je lui soumets, je la prie de m’accorder une audience[4]. Un fonctionnaire mêlé à une affaire qui occupe le monde entier a le droit de voir son Ministre. Le caractère de ma plainte et la nature des faits dont j’ai à l’entretenir font à V.E. un devoir de m’entendre.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueusement dévoués.
Jean de Noblet
Secrétaire d’ambassade
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[2] Le temps n’est plus à la modération.
[3] L’attaque est frontale. Le « rapport circonstancié » joint à cette lettre (reproduit ci-après) va argumenter ce point.
[4] Cette audience ne lui sera pas accordée.