Annexe V Lettre de Jean de Noblet à Aristide Briand, Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères, 28 août 1929
(dossier Noblet, Diplomatic archives)
Paris le 29 août 1929
Monsieur le Président du Conseil
Ministre des Affaires étrangères
etc.
Monsieur le Président,
À la suite du non-lieu rendu par la justice, j’ai porté à la connaissance de l’opinion[1] qui était en droit de les entendre, les explications que j’avais données à votre Excellence dans ma lettre du 10 août[2] où je demandais l’annulation du décret du 4 novembre et ma réintégration dans mes fonctions.
Ces explications s’appuient sur deux points capitaux :
1°) le fait que les documents confiés au service de presse ont été retrouvés intacts dans le coffre du service et que par conséquent M. Deleplanque n’a pas pu les emporter et les conserver par devers lui pendant toute la semaine qui a séparé son départ de la publication.
2°) le fait que ces documents étaient encore recherchés plusieurs jours après mon départ en congé comme l’attestent des témoignages d’une extrême précision.
Ces faits résultent uniquement des témoignages d’agents du département et d’investigations faites au Quai d’Orsay.
Il appartient donc à Votre Excellence de confirmer mes déclarations et d’établir officiellement ces points indiscutables.
Cette confirmation officielle s’impose d’autant plus que si ces constatations précises avaient été faites avant la transmission du dossier à la justice, l’inculpation odieuse dont j’ai été victime n’aurait pas pu se produire.
L’acceptation sans contrôle des allégations d’un journaliste besogneux[3] a eu des conséquences si graves que le rétablissement des faits doit avoir une publicité en rapport avec le retentissement de cette affaire. Il y a là une considération de loyauté et d’honnêteté qui doit l’emporter sur tout autre motif. Cette reconnaissance est la première et la plus urgente des réparations dues à un agent injustement accusé, livré avant toute vérification à un interrogatoire de police scandaleux[4] et dont la parfaite correction ne s’est jamais démentie.
Je ne doute pas de l’indépendance et de l’esprit de justice de V.E. et je la prie etc.
signé : Jean de NOBLET
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[1] Une déclaration de Noblet a notamment paru, à partir du 23 août 1929 in L’Ami du Peuple and L’Action française (coupures dans son dossier personnel au Ministère).
[2] Dès le 8 août 1929 (et non le 10) Noblet avait écrit une première lettre, fort courtoise, à Briand, pour lui demander l’annulation du décret qui l’a suspendu. (dans son dossier personnel au Ministère).
[3] La formule désigne Roger Deleplanque.
[4] Le commissaire Faux-Pas-Bidet n’est pas nommé. L’interrogatoire a duré du 10 th 1928 à midi au lendemain matin à quatre heures.