Désir de Créole
Ce “poème d’enfance” n’a pas été retenu pour le volume de ses Oeuvres complètes mais Saint-John Perse donne dans l’ouvrage tant de détails sur les circonstances de sa première publication dans un journal guadeloupéen, puis de sa réédition dans une “anthologie coloniale” dont il précise, sinon l’auteur, du moins la date (1936, en fait 1935), l’éditeur (Crès) et le titre (Contribution of Guadeloupe French thought) qu’il est peu douteux qu’il ait ignoré que par là-même, il donnait à ses lecteurs l’envie et les moyens de le retrouver.
Ce qui fut fait. Le poète répète trop souvent que tout s’est fait, dès l’origine, “à son insu”, “sans autorisation”, pour qu’on le croie entièrement. Le brouillon de ce qui sera publié dans la Pléiade, dated 1965 et conservé par la Fondation, montre que le poète est loin d’avoir renié son poème autant qu’il le dit, au point que l’hypothèse a été exprimée (in Saint-John Perse maskless) selon laquelle il l’a peut-être envoyé lui-même en Guadeloupe dès sa composition. A Pau et nulle part ailleurs.