Alexis Leger and the Horan Affair, Claude THIEBAUT – Presentation
Inculpé Alexis Leger ? Il aurait ensuite bénéficié d’un non-lieu de complaisance ? C’est à ne pas croire.
L’affaire Horan a peu intéressé les historiens[1]. Elle a certes entraîné, end 1928, la suspension de négociations engagées entre la France et plusieurs autres pays, et la chute du Gouvernement britannique mais sans autre conséquence qu’une brève période de tension. Le but des négociations : un accord général de désarmement, et d’abord d’un désarmement naval. À terme, après l’accession d’Hitler au pouvoir, le sujet ne sera plus du tout à l’ordre du jour. Pour un historien, l’affaire est donc d’un intérêt modéré.
Seul Renaud Meltz a abordé cette affaire en quelques pages mais c’est que rien de ce qui concerne Alexis Leger diplomate ne lui est inconnu[2]. According to him, elle s’inscrit moins dans l’histoire des relations internationales que dans celle des relations entre Philippe Berthelot, Secrétaire général du Quai d’Orsay, et Alexis Leger, depuis quatre ans Directeur du Cabinet de Briand et depuis peu, Ministre plénipotentiaire et Sous-directeur des Affaires politiques. Leger avait d’abord été le protégé de Berthelot, in 1928 nul n’ignore qu’il est devenu son rival[3].
L’affaire n’est mentionnée dans aucune des biographies du poète-diplomate[4].
Elle est ici présentée à partir des journaux de l’époque, consultés au jour le jour. L’intérêt de procéder ainsi est de permettre de suivre son développement comme l’ont fait les contemporains, à hauteur d’homme, et de partager leurs interrogations et leurs surprises. L’affaire a en effet connu plusieurs rebondissements, telle thèse qui faisait d’abord consensus et à laquelle comme tous nous allons croire va se trouver balayée par un autre scénario auquel nous croirons tout autant… jusqu’à ce que celui-ci soit remis en cause.
Ce que, ailleurs que dans les journaux, nous avons appris au sujet de l’affaire, notamment dans les archives du ministère des Affaires étrangères[5], sera donné dans les notes de bas de page, certaines pièces du dossier seront reproduites en annexe.
Parmi les premiers lecteurs des journaux, il en est pour qui la progression des enquêtes a dû particulièrement importer, ce sont les personnalités qui, à des titres divers, ont été concernées par l’affaire. Certaines vont être publiquement mises en cause alors qu’elles souhaitaient demeurer dans l’ombre. Elles en savaient plus que ce que publiait la presse.
Alexis Leger est du nombre. La lecture des journaux, l’exploration des archives diplomatiques, vont nous permettre de mieux le connaître dans l’exercice de sa profession, de mesurer les épreuves par lesquelles il est passé aussi longtemps qu’il l’a exercée, and in fine, de mesurer leurs conséquences, la plus douloureuse étant sans doute, pour le poète, de ne plus pouvoir se consacrer à l’œuvre qu’il porte en lui.
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Deux remarques :
1/ Nous respectons pour notre part la volonté d’Alexis Leger de voir son nom écrit sans accent mais dans la presse du temps son nom est systématiquement écrit avec accent.
2/ Le presse d’opposition, spécialement Le Figaro, L’Ami du peuple and L’Action française, sont plus souvent cités que tous les autres journaux du fait que, by definition, ce n’est pas dans les communiqués officiels ni dans la presse officieuse qu’on peut espérer trouver ce que justement le Pouvoir veut cacher.
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Notes :
[1] Voir pourtant Lucien Zimmer, Un septennat policier, Fayard, 1967, chap. 3. L’auteur était en 1928 Directeur du cabinet du Préfet de police, Jean Chiappe.
[2] Renaud Meltz, Alexis Leger said Saint-John Perse, Flammarion, 2008, p. 276-279. Dans l’ouvrage, Horan est prénommé Joseph au lieu de Harold (répétant l’erreur du New York Times dans son article sur Horan du 28 août 1985).
[3] The 8 mai 1927, quand Leger fut nommé Ministre plénipotentiaire, Aux Écoutes rappelait que Leger avait été le favori de Berthelot et que celui-ci le regrettait aujourd’hui.
[4] Tout au plus l’affaire a-t-elle été évoquée en 2013 dans l’exposition Le Rêve européen – Aristide Briand – Alexis Leger, SJP Foundation, Aix-en-Provence, juin-novembre 2013).
[5] Le dossier personnel d’AL aux Archives diplomatiques de La Courneuve est relativement mince, celui de Jean de Noblet, son principal protagoniste, n’a pas été expurgé et compte trois volumes dont deux très épais (cotes 442QO/194 à 196). Cf. photo p. 168.