Remise du Prix Lucienne Gracia-Vincent 2017
Le vendredi 29 septembre, à la Bibliothèque Méjanes, la cérémonie pour l’attribution du prix de poésie Lucienne Gracia-Vincent, a donné lieu à un double hommage ; l’un à Mme. Joelle Garde, ancienne directrice de la fondation, et décédée en ce mois ; l’autre à la poète Lucienne Gracia-Vincent dont trois poèmes ont été lus par la lauréate de l’an dernier : Mme Yannick Resch.
Pour sa deuxième année, le prix a été remis à Sylvie Kandé pour la Quête infinie de l’autre rive (Gallimard), venue pour cette occasion de New York où elle enseigne la littérature francophone. Par sa lecture de passages de son œuvre, le public a pu découvrir les motifs principaux de son ouvrage : une traversée légendaire de l’Atlantique par un souverain malien, rapportée depuis le XIVème siècle par l’art des griots, est devenue, par la puissance verbale de Sylvie Kandé, une néo-épopée évoquant la puissance du rêve qui anime les hommes d’autrefois comme les exilés et migrants de notre temps.
Deux mentions spéciales ont également été accordées : l’une à Michel Cahour pour son recueil Chemins imaginaires ; l’autre pour le compositeur de musique Rémi Gernet pour une œuvre au piano à partir d’un poème d’Alain Nouvel (« Chagrin vaste ») : ce jeune compositeur, venu de Lyon, ami d’Alain Nouvel (absent par suite d’une invitation à l’Université de Blomington) a exposé comment il concevait le passage d’un texte écrit à une représentation musicale. La forme musicale doit évoluer au fil du poème, usant de figurations (technique des madrigalistes), d’atmosphère (ici en la mineur), d’arrière-plans mentaux (déploiement d’une intériorisation).
La cérémonie s’est terminée par un pot de l’amitié où le public a pu s’entretenir avec les lauréats.
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Présentation du prix Lucienne Gracia-Vincent
Lucienne Gracia-Vincent, née en 1923 à El Biar (Alger), décédée en 2014 à Aix-en- Provence, est une poète aixoise reconnue de ses pairs en poésie classique, en particulier pour ses sonnets (une des formes les plus difficiles à maîtriser). Très jeune, elle sentit naître en elle ce don que la vie et ses tracas n’ont jamais pu tarir ou abîmer. Son enfance en Algérie, différents postes d’enseignement, ses enfants, une vieille maison à restaurer, puis ses voyages en Méditerranée, sa foi en un au-delà et en l’être humain, vont nourrir son œuvre aux recueils couronnés par de nombreux prix.
Elle a été Chevalier de l’Internationale des Arts (7 juin 1978), membre de l’Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d’Aix-en-Provence, et adhérente de différentes associations poétiques qui voyaient en elle une auteur œuvrant pour la langue française, en raison de choix stylistiques exigeants. Des images et métaphores très personnelles s’égrènent et reviennent dans ses vers dont les rimes contraignantes réduisent le champ du dicible pour le renforcer de fait. La composition versifiée est moins laissée aux soins du hasard et de l’improvisation que confiée aux rigueurs du rythme et de la rime. Sous un jour d’apparence conventionnelle se dissimule un réel sens de la poésie. Un temps d’accès pour apprécier la fécondité de ses poèmes est nécessaire.
Un prix en son honneur, avec le soutien de la Fondation Saint-John Perse, doté d’une somme de 250 euros pour le lauréat, sera décerné le 29 septembre 2017. Il a pour but de promouvoir une création poétique, musicale ou picturale, libre dans sa forme, qui s’inscrit dans une double perspective : rendre compte d’un monde sous influence de la Beauté et livrer une réflexion sur l’acte créatif. À cet effet, le candidat est invité à présenter un recueil ou un groupement de compositions, et à les accompagner d’une présentation de son projet.
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