Guy Calamusa : Des animaux qui font signe

Exposition du 27 mars au 10 juin 2022
Vernissage et lecture de James Sacré le dimanche 27 mars à 12 heures dans le cadre du Printemps des poètes 2022 et de la Biennale d’art et culture de la ville d’Aix.

« Des animaux peints. C’est depuis toujours semble-t-il, en tout cas depuis fort longtemps. Figures animales : elles prennent parfois tout un grand espace de paroi comme à Lascaux, ou s’animent en pétroglyphes sur de beaux rochers rouges là où vivaient les ancêtres des Amérindiens. Ailleurs, en les découvre, à force de regarder un tableau, presque cachées dans un coin de la toile peinte. Des images réalistes ou qui se perdent en formes plus ou moins fantastiques dans les entrelacs d’une lettrine ou dans un décor mural de grotesque. Et les voilà, sans doute nourries autant de toute leur histoire peinte ou sculptée que du questionnement des humains (peurs ou sentiment d’énigmatiques proximités) qui vivent à la fois dans ces images et dans la compagnie de bêtes réelles… les voilà qui font signe, de façon quasi carnavalesque ou gentiment familière dans les dessins et peintures de Guy Calamusa. Ou si c’est le peintre qui fait signe ? Dessinant ces figures animales, de quoi sa main, son errance et ses rêves veulent-ils nous parler ? Moins sans doute de ce que sont les animaux, que de ce que nous imaginons, croyons comprendre ou pas, en les regardant vivre à nos côtés, en les ressentant vivants dans les mouvements de notre corps, dans notre sexe et jusque dans nos pensées, dans notre coeur (effaré / émerveillé).
Avec leur museau-bec, des mouvements de membres qui les feraient se confondre avec des lianes, des tiges de viornes dans les buissons, avec des attitudes joueuses, caressantes, ou cassantes et cruelles, parfois réduites à de minuscules figures figées dans l’indifférence ou la solitude, on peut les rêver comme on veut les bêtes qui sont dans les peintures de Calamusa, rêver sa peinture soudain comme un animal que le pinceau écorche ou cajole. Chaque figuration comme un écorché dont le peu de couleur a coulé, et la douceur griffée du dessin.
Chaque fois que nous figurons des animaux c’est mélange de ce que nous croyons savoir avec notre ignorance : il n’y paraît pas de vrais bisons ni d’antilopes, ni d’oiseaux vivants serrés dans leur plumage, debout sur leurs deux pattes ; il n’y a que des « animots », des signes dessinés parmi d’autres, quasiment une écriture comme le suggèrent ces mots du peintre : le trait parfois épais avec une volonté de surligner, parfois gribouiller, de raturer.
Tout bestiaire écrit ou peint parle surtout de notre inquiétude, de nos violences ou de nos hypocrisies, et bien rarement de réelle amitié (toujours empêtrée d’ailleurs dans nos préjugés et nos prétentieuses convictions) pour les animaux que nous côtoyons. C’est, je crois, ce que nous disent les figures animales de Guy Calamusa dans la fragilité plus ou moins défaite de leur dessin et de leurs couleurs, dans la force de leur fragilité. » – James Sacré, printemps 2022

Guy Calamusa est d’origine sicilienne, il est né à Casablanca. Professeur de lettres, inspiré par l’Afrique, son travail nous raconte des histoires. Le peintre met en scène tout un bestiaire imaginaire. On y découvre de curieuses créatures difficilement identifiables mais dont le caractère animal reste indéniable. Elles se découvrent dans d’étranges postures – debout, assises, enlacées ou solitaires – mais toujours avec l’intention d’apostropher celui qui les regarde. Prises dans un décor végétal coloré, elles nous renvoient à une humanité perdue, un éden lointain. Elles nous font signe de leurs mains imposantes et semblent indiquer une direction, un lieu habité, un espace à réinventer.

Texte de Toni Maraini
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