Remise du Prix Lucienne Gracia-Vincent 2018

Le jeudi 11 octobre, à la Fondation Saint-John Perse, la cérémonie pour l’attribution du prix de poésie Lucienne Gracia-Vincent, a donné l’occasion à Mme Muriel Calvet, directrice de la Fondation Saint-John Perse, de rappeler les objectifs de la Fondation, en particulier celui de favoriser la création poétique. Le fondateur du Prix, M. Guy Vincent, a insisté sur les aides reçues pour améliorer l’information sur le Prix, a noté le nombre nettement plus important de participants, a indiqué leur répartition dans toute la France.
Puis, Mme Yannick Resch, lauréate du Prix en 2016, et membre du jury, a lu deux poèmes de la poète Lucienne Gracia-Vincent, le premier tiré du recueil D’Algérie (1986), le second du recueil Turquie (1999).

Pour sa troisième année, devant une assistance nombreuse, le prix a été remis à Michel Gravil pour Écrire l’eau la terre le ciel (Les Belles Lettres), venu pour cette occasion de Rennes. Deux interventions préliminaires ont eu lieu. Le poète actuellement en résidence à la Fondation, Nassuf Djailani, a présenté cet ouvrage pour lequel la lauréate de l’an dernier, Sylvie Kandé, avait pu transmettre un bel éloge. Le peintre François de Asis, de son côté, puisque ses dessins sont inclus dans le recueil du lauréat, évoqua son amitié avec le poète Yves Bonnefoy qui lui avait recommandé Michel Gravil. Leur collaboration a abouti à ce recueil.
Par la lecture de certains poèmes et par ses déclarations, Michel Gravil fit découvrir au public le motif principal de son ouvrage : « l’immense opulence inquestionnable » dont parlait Rimbaud pour nommer la Nature et que la grâce de la poésie peut dire et faire sentir (d’où ce titre lumineux : Écrire l’eau la terre le ciel).

Deux mentions spéciales ont également été accordées : l’une à Nicolas de Larquier pour son recueil Les Rifts de l’insondable ; l’autre pour Axel Sourisseau pour Au Palais des ombres (images de Nicholé Velasquez). Ces deux jeunes poètes, venus pour la circonstance l’un d’Arles et l’autre de Nantes, ont su présenter leurs œuvres et en lire des poèmes significatifs. Expériences poétiques liées pour le premier à la puissance étonnamment émouvante de son imaginaire ; liées pour le second à la voix fragmentaire et d’outre tombe prêtée à Sayat Nova, poète arménien du XVIIIème siècle qui fut jadis assassiné.

Un dialogue immédiat est né entre ces trois poètes, attentifs à leurs thématiques respectives et soucieux d’évoquer que toute règle d’écriture pour un poème est une règle vécue du dedans, règle qui se fait alors la plus naturelle qui soit, car indissociable d’une façon de sentir et d’exister. Discussion reprise par les interventions de l’assistance.

La cérémonie s’est terminée par un pot de l’amitié où le public a pu s’entretenir avec les lauréats.

Retrouvez le compte-rendu complet de la cérémonie sur le site du Prix Lucienne Gracia-Vincent en cliquant ici.

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Présentation du prix Lucienne Gracia-Vincent

Lucienne Gracia-Vincent, née en 1923 à El Biar (Alger), décédée en 2014 à Aix-en- Provence, est une poète aixoise reconnue de ses pairs en poésie classique, en particulier pour ses sonnets (une des formes les plus difficiles à maîtriser). Très jeune, elle sentit naître en elle ce don que la vie et ses tracas n’ont jamais pu tarir ou abîmer. Son enfance en Algérie, différents postes d’enseignement, ses enfants, une vieille maison à restaurer, puis ses voyages en Méditerranée, sa foi en un au-delà et en l’être humain, vont nourrir son œuvre aux recueils couronnés par de nombreux prix.

Elle a été Chevalier de l’Internationale des Arts (7 juin 1978), membre de l’Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d’Aix-en-Provence, et adhérente de différentes associations poétiques qui voyaient en elle une auteur œuvrant pour la langue française, en raison de choix stylistiques exigeants. Des images et métaphores très personnelles s’égrènent et reviennent dans ses vers dont les rimes contraignantes réduisent le champ du dicible pour le renforcer de fait. La composition versifiée est moins laissée aux soins du hasard et de l’improvisation que confiée aux rigueurs du rythme et de la rime. Sous un jour d’apparence conventionnelle se dissimule un réel sens de la poésie. Un temps d’accès pour apprécier la fécondité de ses poèmes est nécessaire.

Un prix en son honneur, avec le soutien de la Fondation Saint-John Perse, doté d’une somme de 250 euros pour le lauréat, sera décerné le jeudi 11 octobre 2018. Il a pour but de promouvoir une création poétique, musicale ou picturale, libre dans sa forme, qui s’inscrit dans une double perspective : rendre compte d’un monde sous influence de la Beauté et livrer une réflexion sur l’acte créatif. À cet effet, le candidat est invité à présenter un recueil ou un groupement de compositions, et à les accompagner d’une présentation de son projet.

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