Monique Virelaude rend hommage à Gaston Bachelard

Publié dans le bulletin annuel de l’Association internationale
des amis de Gaston Bachelard.

virelaude_2662Il semble que la matière (plastique) ait son être de repos et son être de résistance… Notre imagination est tout entière à sa tâche de dépassement ; elle veut voir l’invisible, palper le grain des substances ; elle va au fond des choses, comme si elle devait trouver là, le repos d’imaginer.

La terre et les rêveries de la volonté

On dit que la philosophie embrasse la pensée la plus large. S’il est un philosophe qui, pour moi, réponde à cette immensité, à la poésie même de la vie, c’est bien Gaston Bachelard.

Pourquoi lui dédier une exposition d’Art plastique ? Parce qu’il a su parler du combat que la matière-vie sous toutes ses formes, nous oppose.

La matière plastique, comme la matière terrestre, « éveille en nous des joies musculaires dès que nous prenons le goût de les travailler ». Sur la toile même, la forme que va prendre la matière, sa fluidité, sa résistance ou son inertie participe bien d’un combat physique

Cette « intimité querellée » demande une volonté incisive. Oui, un vrai combat avec ce monde humain résistant, tour à tour monde de pesanteur et volatile auquel il faut donner sens.
Lorsque l’équilibre semble atteint, entre soi et l’imaginaire de la matière travaillée, sourd alors une joie profonde. Elle a demandé une participation physique profonde de l’être, une concentration totale sur l’objet irréel; en cela, elle touche un accomplissement secret qui nous met un moment, juste un moment, en état de contemplation… A peine car une forme nouvelle plus juste, plus vivante, nous appelle du plus profond.

Dans un éternel recommencement, à l’égal de nos ancêtres qui travaillaient la matière brute que ce fût le bois ou le fer, l’imagination plastique travaillée va modeler, écorcher, casser, le monde de la matière pour lui donner forme, Gaston Bachelard a écrit que « l’imagination enlève les téguments pour voir les lignes de force, elle redonne l’énergie dynamique à la vie qui rêve d’intervenir dans le monde résistant ». On comprend de mieux en mieux les effets thérapeutiques de l’Art, et sa nécessité intérieure.

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Les études de Bachelard sur l’imagination de la matière et l’imagination dynamique ont beaucoup inspiré le travail que je mène sur le souffle dans mes livres successifs, aussi bien Le tracé spirituel du souffle que Tracés intérieurs ou Comment vaincre la peur ?

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