Annexe IX – Lettre de Noblet au Président de la Ligue pour les Droits de l’Homme, 8 décembre 1936 Extrait
(dossier personnel Noblet, Archives diplomatiques).
Le Président de la Ligue des Droits de l’Homme, depuis 1926, est Victor Basch (il le restera jusqu’à son assassinat par la Milice en janvier 1944).
De 1928 à la loi qui l’a amnistié, Noblet dit avoir vécu « huit années désespérées » :
[…] Il m’a été impossible de retrouver une situation honorable, restant sous le coup de cette accusation.
Mon père en a subi dans ses affaires un tort considérable tel qu’il n’a pas pu s’en relever et qu’il a traîné, de difficultés en difficultés, jusqu’au moment où il est mort, désespéré et ruiné.
Ma sœur, laissé seule en province quand mes parents, apprenant par la presse mon inculpation, accoururent à Paris, reçut de telles injures qu’elle resta six mois sans sortir de chez elle. Quand mers parents rentrèrent, elle était si malade qu’aucun soin ne put la rétablir, et après un an d’efforts inutiles, elle mourait à l’âge de vingt ans.
Frappé dans ce que j’avais de plus cher au milieu de tant de ruines et de deuils, et réduit à une situation des plus misérables, je ne demande qu’une chose : c’est qu’il soit fait justice d’une calomnie impitoyable contre laquelle je suis sans défense et qu’on me rende le moyen de vivre. […]
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