Hommage à Saint-John Perse
Paul-Bernard Sabourin
14 mars 2020
Pour Henriette Levillain
J’ai fait mon compte de dépouilles
Fétiches, spectres lacustres,
Icônes dolorisées.
Et me voici aux tables rigoureuses
Par vents pervertis,
Surfaces volatiles de passions tristes.
J’ai assisté à des entreprises inconséquentes
Dans une hâte suspecte,
Aux frontières de l’esprit et des dieux.
Ce n’étaient pas ces écrits d’airain,
Tables du législateur unique,
Oracles soufflés par l’Ange à Tobie.
Mais voilà sous les feuilles de bronze
Les poèmes purs de l’arbre sec
Écrits sur la table du jurisconsulte.
*
Où sont les chênes prophétiques,
Les stèles blasonnées de symboles,
La fenêtre ouverte à nos oiseaux rieurs,
La course du destin par le poète amodiée.
Voici sous des feuilles de bronze incendiées
L’amande du regard de la jeune fille
Et la fraîche nouvelle de l’ami poète
Qui chante le grand art de la mer
Paul-Bernard Sabourin, professeur de droit public, notamment à Paris X Nanterre et à l’EHESS, Paul-Bernard Sabourin (1934-2020) était également poète et peintre. Il a reçu le prix du Rayonnement français de la langue et de la littérature françaises de l’Académie française en 2010 pour son œuvre poétique et son action en faveur de la francophonie.
Comme poète, il a publié quatorze recueils, depuis Brèche-lumière (Le Hameau, 1986), jusqu’à Le Puits d’espérance (Éditions du Panthéon, 2020). Saint-John Perse compte parmi ses poètes référents.
Comme peintre, il a exposé dans les galeries parisiennes et a reçu le prix de la Biennale des peintres et sculpteurs du VIe arrondissement en 2012. Ses tableaux illustrent ses recueils poétiques ainsi que son autobiographie Au Mascaret des jours (L’Harmattan, 2012).