Exposition de
Monique Virelaude,
Hommage à la poésie de Saint-John Perse
Conférence “Le souffle, un art plastique”
Présentation
Monique Virelaude présente une vingtaine de toiles illustrant les grands thèmes de la poésie de Saint-John Perse, l’enfance, le grand age, la mer, les vents, l’exil, etc. Chaque toile traduit l’extrait poétique mentionné au-dessous d’elle.
J’ai découvert la poésie de Saint-John Perse vers mes 20 ans et n’ai cessé d’ouvrir et de refermer ses livres. Je voulais écrire de la poésie mais l’ombre du talent du poète me freinait. S’ensuivirent des années de décryptage, mais tout ce que je tentais d’atteindre n’était qu’objets partiels.
C’est l’exposition de noir et blanc de Soulages en 2000 aux abattoirs de Toulouse qui “m’ordonna” de peindre. Aussitôt la phrase poétique persienne se précipita, comme libérée, et choisit de s’exprimer ainsi. L’art abstrait, force vive, semblait la satisfaire.
Quelques années me séparent maintenant des expositions que j’ai faites à Paris en 2009, Galerie de l’Angle, puis à la BNF, puis à Aix-en-Provence à la Fondation Saint-John Perse, mais mon désir de traduire cette poésie demeure. Si l’œuvre poétique reste dense, je suis passée de l’admiration inconditionnelle à plus d’amitié. Le temps a mis la main à la pâte.
Dès le premier geste sur la toile, dès la première couleur, la phrase arrive.
Comme ces silhouettes altières de femmes venues de nulle part, portant une jarre d’eau sur la tête, la phrase poétique a longtemps marché. Sa silhouette est pure, sa démarche cadencée. Attentive aux formes, aux couleurs que je tente, elle ne s’arrête auprès de moi que si cela lui convient. Si mon intention est bavarde alors, elle reprend son chemin. Elle attend plus de silence.
Elle reconnait l’alliance secrète de l’imagination de la matière et du mouvement – si chers à Gaston Bachelard – elle reconnait la plasticité “idéale”, l’entre-deux, dans lequel elle consentira à se déployer, à se déposer : le fond est alors tour à tour saturé, brassé, puis vidé, jusqu’à trouver dans le rythme originel, ce peu, qui m’a si profondément touchée en elle.
Ainsi résonnent à mon oreille de nombreuses phrases du poète, comme en attente, sur le seuil.
——
Autres toiles exposées
Couleur de soufre, de miel, couleur de choses immortelles, toute la terre aux herbes s’allumant aux pailles de l’autre hiver.
(Anabase, VII)
Tu bouges avec l’avoine sauvage et le millet des sables et le gramen des grèves inondées.
(“Étroits sont les vaisseaux”, Amers, IX, III, 2)
Et la Maison durait, sous les arbres à plumes.
(“Pour fêter une enfance”, Éloges)
alors, ouvrant le Livre,
tu promenais un doigt usé entre les prophéties, puis le regard fixé au large, tu attendais l’instant du départ, le lever du grand vent qui te descellerait d’un coup, comme un typhon.
(“Le Livre”, “Images à Crusoé”, Éloges)
——
Expositions de Monique Virelaude
Exposition de Monique Virelaude, Hommage à Saint-John Perse
(à Fleurance, Gers, 15 juillet-31 août 2014)
Hommage à la poésie de Saint-John Perse
(à la Fondation, 17 juin-3 septembre 2011)
Hommage à l’œuvre poétique de Saint-John Perse
( à Paris, Galerie de l’Angle, 17-30 mai 2010)