L’Europe avant l’Europe

     L’Europe n’a jamais connu d’unité politique totale. A certaines périodes, une vaste partie du continent était dominée par un pouvoir unique. Qui s’était imposé par la force.

    Ce fut ainsi le cas de l’Empire romain, de l’Empire carolingien, de l’Empire napoléonien, Certaines familles royales, par le biais de relations dynastiques, ont pu gouverner un grand nombre de pays européens, notamment la famille des Habsbourg.

    La Révolution française innove par son ambition d’étendre, non par la force mais par la persuasion, les valeurs révolutionnaires à toute l’Europe, mais sans grand succès.

    Napoléon tenta d’imposer certaines des valeurs révolutionnaires sur la plus grande partie de l’Europe placée sous domination. Warterloo en 1815 marque la fin de l’expérience.

    A la chute de l’Empire, le Congrès de Vienne, le 26 septembre 1815, a créé un ordre européen où les relations entre États seraient contractualisées, la Sainte-Alliance réunit en un « système des congrès » l’Empire russe, l’Empire d’Autriche et le Royaume de Prusse, rejoints bientôt par la France de Louis XVIII en 1818. Elle est le premier traité postulant une unique nation en Europe, signé par l’ensemble des pays du continent (sauf l’Angleterre et le Vatican). Mais elle n’a pas construit une Europe, elle n’a été qu’une alliance contre-révolutionnaire.

L’idée d’Etats-Unis d’Europe

    L’idée européenne est ancienne. Elle s’est construite progressivement à partir du XVIe siècle, est développée au XVIIIe siècle notamment par l’abbé de Saint-Pierre (Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, 1713), Jean-Jacques Rousseau (Extraits et jugements sur le projet de paix perpétuelle, 1756), et Emmanuel Kant (Essai sur la paix perpétuelle, 1795).

    La guerre de 1870 a marqué une régression sur le chemin de la construction européenne mais ses horreurs ont fait progresser l’idée d’une Europe imaginée comme source de paix, il en ira de même après la Première Guerre mondiale. L’idée d’Etats-Unis d’Europe avait été exprimée par Victor Hugo dès 1849, dans un discours prononcé à l’occasion de l’ouverture du Congrès de la Paix à Paris, il la répétera avec plus de force en 1871, dans un discours prononcé à la Chambre des Députés. Comme Briand cinquante ans après lui, il affirme la réconciliation franco-allemande comme la condition de la naissance d’États-Unis d’Europe, fondés sur des valeurs républicaines :Hugo

     « Tendons-nous la main, oublions les crimes militaires que les despotes nous ont fait commettre, les uns contre les autres. Proclamons : la liberté, l’égalité, la fraternité des peuples. Par notre alliance, fondons les États-Unis d’Europe. »
Discours du 21 août 1849.

    « Et on entendra la France crier : C’est mon tour ! Allemagne, me voilà ! Suis-je ton ennemie ? Non ! je suis ta sœur. Je t’ai tout repris, et je te rends tout, à une condition : c’est que nous ne ferons plus qu’un seul peuple, qu’une seule famille, qu’une seule république. Je vais démolir mes forteresses, tu vas démolir les tiennes. Ma vengeance, c’est la fraternité ! Plus de frontières ! Le Rhin à tous. Soyons la même République, soyons les États-Unis d’Europe, soyons la fédération continentale, soyons la liberté européenne, soyons la paix universelle ! »
Discours du 1er mars 1871.

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